Objectifs de ce pôle

1. Un enjeu pour le développement de l’océanographie

Le recours intensif au calcul scientifique et de données marines sont aujourd’hui au cœur de nombre de projets de l’océanographie moderne. Discipline descriptive jusqu’aux années 80, elle devient progressivement et en réponse à la demande sociétale, de plus en plus prédictive. Pour ce faire, elle s’appuie généralement sur des techniques de modélisation qui, associées à une grande puissance de calcul, trouvent des champs d’application de plus en plus nombreux : modélisations à différentes échelles de la circulation océanique, modélisations couplées (hydrodynamique et chimique, par exemple), modèles de dispersion de contaminants dans le domaine côtier… Dans d’autres cas, la masse de données à traiter, quand elle devient trop volumineuse, requiert aussi des capacités de calcul importantes comme en géomatique marine ou côtière, quand il faut assimiler des données satellitaires haute-résolution. C’est également le cas du domaine émergent de la bio-informatique marine, pour la recherche de séquences de gènes. Enfin, l’ingénierie marine, avec la mécanique des fluides, le calcul des structures… engendre aussi des activités fortement consommatrices de calcul et de données.

2. Un équipement fédérateur et structurant pour la recherche et la région

En septembre 2000, l’analyse détaillée des besoins des différents projets scientifiques de l’Ifremer concluait à la saturation des moyens de calcul existants dans l’Institut, alors doté d’un calculateur parallèle équipé de 8 processeurs et 4 gigaoctets de mémoire : délais d’utilisation pénalisant les équipes en attente de résultats, performance insuffisante pour répondre à l’évolution des besoins vers des modèles plus complexes ou de résolution plus fine (en circulation côtière et circulation océanique) et à prendre en compte les applications émergentes en géosciences et en bio-informatique.

Le même constat s’effectuait en parallèle à le SHOM, l’UBO/IUEM (Université de Bretagne Occidentale/Institut Universitaire Européen de la Mer) pour les projets de modélisation hydrodynamique et géophysique et pour les traitements de données satellitaires et géographiques.

Rapidement, l’analyse des solutions possibles mettait en évidence l’intérêt d’un pôle de calcul pour la recherche marine, de taille intermédiaire entre les infrastructures nationales, comme le centre de calcul IDRIS du CNRS, et des moyens départementaux, complémentaires :

  1. La souplesse d’accès requise pour répondre à des études ou expertises en matière d’environnement, ou encore pour le développement de modèles ou pour des tests de sensibilité s’accommodait mal des procédures de programmation annuelle en vigueur pour l’utilisation de grosses infrastructures nationales, dont l’emploi reste cependant nécessaire à certaines équipes. Et le transit de ces données (en cas d’archivage local) puis des résultats avec un calculateur central éloigné restait prohibitif, malgré les progrès accomplis dans les réseaux de télécommunication,
  2. L’organisation de l’océanographie opérationnelle avec la mise en place, à Brest, de la composante principale du service Coriolis données nécessitait des moyens de calcul proches et utilisables en temps quasi réel pour l’élaboration de certains des produits du centre ( comme les analyses objectives de température des masses d’eau),
  3. L’existence d’une équipe de 20 personnes dédiée à l’exploitation de moyens informatiques communs, à leur sécurité, et celle du service d’assistance commun (service Ressources Informatiques et Communication d’Ifremer) garantissait la présence d’un support de proximité pour accompagner les scientifiques dans l’utilisation des moyens de calcul,
  4. La convergence de ces besoins avec ceux des autres organismes locaux impliqués dans l’océanographie permettait d’espérer la mise en place d’un partenariat pour la création d’un centre, pour l’organisation et le développement d’une animation associée, favorisant échanges et retours de savoir-faire autour du calcul intensif et de données marines , et à terme, d’une capacité de dialogue avec les projets nationaux et européens impliqués dans ce domaine  .

Avec le soutien des différentes collectivités territoriales, les partenaires se sont rassemblés autour de ces objectifs qui aboutissent à l’installation d’un centre de calcul localisé à  l’Ifremer.

Ses ressources sont maintenant accessibles aux différents partenaires dans de bonnes conditions, grâce au raccordement au Réseau Régional breton haut débit Megalis et à sa composante brestoise. Un réseau d’échange d’expériences est organisé et assure l’animation prévue par l’intermédiaire de séminaires dédiés aux diverses composantes du calcul scientifique et de données marines.

Un comité de pilotage incluant chaque contributeur ainsi qu’un représentant des collectivités territoriales s’est mis en place. L’utilisation restera en permanence ouverte à de nouvelles applications de la communauté scientifique brestoise et régionale, contribuant ainsi au développement de l’activité scientifique locale. Enfin, cet équipement accompagnera les développements sur le thème de la bio-informatique, dans le cadre du programme GENOMER et du projet de Génopôle Grand Ouest.